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Et les iraniennes ?

Le 16 septembre 2022, Mahsa Amini, une étudiante iranienne d'origine kurde de 22 ans, mourait trois jours après avoir été arrêtée, pour un hijab (voile) mal porté qui laissait apparaître ses cheveux… Ce tragique évènement a laissé place à la consternation internationale et a donné lieu à des manifestations partout dans le monde, ainsi qu’à des gestes très symboliques de la part des iraniennes : hijab brûlé, cheveux coupés/rasés. Un an après, les lois anti-hijab entrées en vigueur n’enflamment pas les mêmes passions que celles qui forcent le hijab en Iran ou en Afghanistan. Plus encore, on confronte les deux situations, on les oppose : manifester pour le droit de se voiler ? « Et les iraniennes » lit-on partout en guise de réponse.

Sous une publication du compte Révolution Permanente, annonçant la rééxamination du dossier Abaya par le Conseil d'Etat.
CONTEXTE

Après sa révolution islamique de 1979, l’Iran a promulgué un code vestimentaire strict qui oblige les femmes, quelle que soit leur foi ou leur nationalité, à porter le hijab et à couvrir leur corps. L’État applique ces lois par le biais de l’actuelle Gasht-e Ershad, police des mœurs (actuelle car cette version est en vigueur depuis 2006). L’escouade est chargée d’assurer le respect de la morale islamique par des tactiques telles que l’emprisonnement, les amendes et les abus physiques comme punition en cas de non-respect. Cela incluait la verbalisation des hommes pour le port d'un pantalon estimé trop court, le port d'un collier, les coiffures jugées trop sophistiquées.

En mai 2023, le gouvernement radical du président Ebrahim Raïssi a soumis au Parlement un projet de loi « visant à soutenir la culture de la chasteté et du hijab » qui imposerait des peines plus sévères en cas de violation du code vestimentaire islamique. La législation est une réponse aux manifestations nationales qui ont éclaté suite à la mort de Mahsa Amini.

Le vaste projet de loi, qui comprenait 70 articles, étendrait les peines pour violation du hijab obligatoire en Iran. S’il est adopté, il « enracinera davantage la discrimination, privera les femmes et les filles... de leurs droits humains » et « placez-les et ceux qui soutiennent le droit des femmes... risque de longues peines d’emprisonnement, de flagellation, d’interdiction de voyager et d’autres peines sévères », selon Amnesty International[1]. Le projet de loi a déterminé que les infractions comprenaient « les vêtements qui montrent une partie du corps sous le cou ou au-dessus des chevilles ou au-dessus des avant-bras » et les vêtements « serrés ». Il stipulait comment divers organismes gouvernementaux devaient appliquer le hijab obligatoire et énumérait un large éventail de sanctions pour les auteurs.

Les sanctions pour avoir défié le code vestimentaire en vertu de la loi préexistante comprenaient entre 10 jours et deux mois de prison ou une amende de 50 000 à 500 000 rials (1,10 € à 11,02 €). Les nouvelles peines prévues par le projet de loi pourraient inclure entre cinq et 10 ans de prison en plus d’une amende de 360 millions de rials (7 939 €), et des interdictions de voyager, de travailler, de médias sociaux etc[2].

SORTIR DE LA VISION DICHOTOMIQUE

Le phénomène sociologique se manifestant par la tendance à enfermer les personnes dans des cases ou des catégories et à adopter une vision binaire de la société, est souvent appelé « pensée binaire » ou « pensée dichotomique »[3]. Cela se caractérise par la tendance à diviser le monde en deux catégories opposées, en ignorant les nuances, les variations et les possibilités intermédiaires. Cela peut conduire à une vision simpliste et réductrice de la réalité sociale, où les individus sont étiquetés de manière rigide en fonction de caractéristiques spécifiques, et où les complexités de l'identité, de la culture, de la politique, etc., sont minimisées. Par conséquent, cette pensée dichotomique contribue à la stigmatisation, à la discrimination et à la polarisation sociale, car elle ne tient pas compte de la diversité et de la complexité inhérentes à la nature humaine et à la société.

C’est exactement cette distorsion cognitive qui apparait lorsque l’on aborde le sujet du voile et qu’un individu répond : « et les iraniennes », en opposant les deux combats, de manière simpliste et réductrice.

C’est, de plus, totalement biaisé par le fait qu’en France, nous avons une piètre maîtrise de la géopolitique internationale, de la situation de chacun des pays du Proche-Orient. Nous ne connaissons que très mal notre propre juridiction, ce qui nous empêche d’avoir une compréhension globale des juridictions internationales. Nous avons également, une très mauvaise connaissance de la religion musulmane, qui, bien qu’abordée de manière régulière dans les médias mainstream, l’est sous le prisme du fait divers et de la distorsion plus que par le biais de la théologie.

Tout ceci mène évidemment à une confusion du traitement de l’information et à un mélange. Ainsi, pour bien comprendre toutes les nuances, il convient de multiplier les lectures, les écoutes de témoignages de personnes vivant sur place, de se former à la théologie et à la géopolitique[4].

UN COMBAT N’EN ANNULE PAS UN AUTRE

Exiger l’exercice de la Justice et lutter pour les droits humains fondamentaux n’est pas une mince affaire, surtout devant un Etat/régime qui utilise la religion comme bouclier pour justifier les abus. Puisque si, en lisant cette phrase, on peut imaginer le régime iranien, notre continent Européen qui se veut prendre de la hauteur morale à ce sujet, participe activement à l’éradication de la même liberté pour les femmes qui choisissent de se voiler. La France, le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche, l’Allemagne, la Bulgarie, la Belgique et la Suisse ont tous une interdiction partielle ou totale du hijab dans certains points sociétaux (loisir, travail, études).

Un vêtement ne détermine pas la mesure de la liberté. Cela nécessite une lentille beaucoup plus profonde, au-delà du hijab.

Et pourtant : « Combien de femmes, aujourd’hui, au péril de leur vie, chaque jour, parcourent les rues des villes iraniennes, affrontant du regard la menace haineuse de la police du vêtement, décidées à ne plus jamais se soumettre à l’assignation d’impureté et d’esclavage moral et physique que représente le hijab ? Notre soutien à ces femmes et à ce peuple martyrisé, qui depuis quarante-quatre résistent à la cruauté fanatique, est total. »

Cette phrase écrite dans le journal Marianne[5] exprime la pensée dichotomique.
L’auteur de l’article donne son point de vue et son interprétation du symbole religieux du voile, et indique ainsi que si un soutien s’opère en faveur du combat des femmes iraniennes, alors un combat doit se faire de l’autre côté (définit dans l’article par l’expression « les fanatiques obscurantistes islamistes »).

Un combat n’en annule pourtant pas un autre. Il est indéniable que certaines femmes en Iran sont contraintes de porter le voile en raison de lois et de normes sociales strictes, mais il est essentiel de noter que la situation en France est différente. En France, et pour le coup, le sujet est omniprésent dans la sphère médiatique, la liberté individuelle et la laïcité sont valorisées : ce qui signifie juridiquement que chaque personne a le droit de pratiquer sa religion ou de ne pas le faire, dans la mesure où cela ne porte pas atteinte aux droits et libertés d'autrui ni à la sécurité publique.

« Lorsque la violence d’un système régressif s’installe, elle frappe toujours les femmes en premier. À savoir tout ce qu’elles représentent. Sur leur corps, les prétentions patriarcales en matière de souveraineté sont déchargées. Tout est déjà joué d’avance pour ces femmes, jugées immatures : on doit choisir leur futur, choisir leur vêtements ». Büşra Delikaya, journaliste, Global Citizen.
Le débat sur le port du voile en France a été rendu complexe par une méconnaissance de l’islam, un mélange de termes féministes, et une volonté de contrôle. Mais il est important de reconnaître que de nombreuses femmes musulmanes en France choisissent de porter le voile en toute connaissance de cause et par conviction personnelle, tout comme de nombreuses femmes choisissent de ne pas le porter. Le principal objectif des lois françaises sur la laïcité est de garantir l'égalité des droits et des chances pour tous, quelles que soient leurs convictions religieuses. En théorie, en France, nul individu ne peut être sanctionné parce qu’il porte le voile, retire le voile, critique le voile, produit des articles religieux sur l’obligation du port du voile.

En théorie seulement, puisque les trente dernières années ont vu des lois apparaître, des circulaires, des amendements déposés, visant à interdire le port du voile dans certaines sphères de la société. Si les femmes concernées ne respectent pas la loi, elles se voient sanctionnées par des amendes, licenciements, exclusions des établissements scolaires.

Plutôt que de comparer la situation en France à celle en Iran, nous devrions nous efforcer de comprendre et de respecter les choix individuels des femmes en France, tout en continuant à lutter pour les droits des femmes partout dans le monde, y compris en Iran. Et cette nuance est immensément importante : la question des droits des femmes est universelle, et il est important de soutenir les femmes où qu'elles se trouvent dans leur quête de l'égalité et de la liberté.

TEMOIGNAGE

Khulud Almutairi, étudiante diplômée à la School of Nursing and Health Studies de l’Université de Miami, 16 mars 2023. @KhuludFnp LINKEDIN Khulud Almutairi - Teacher Assistant - King Saud University | LinkedIn

Je soutiens les femmes iraniennes et je porte mon hijab
En septembre 2022, Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans, a été assassinée par la police des mœurs iranienne pour avoir mal porté son foulard. Son crime ? Ses cheveux apparaissaient sous l’écharpe. La mort tragique d’Amini a déclenché de nombreuses protestations dans tout l’Iran. Les filles et les femmes iraniennes ont commencé à enlever leur foulard, à le brûler et à se couper les cheveux en signe de protestation.
Et pourtant, beaucoup de femmes musulmanes, y compris moi, choisissent fièrement de porter un hijab. C’est un foulard utilisé par les femmes musulmanes pour couvrir leurs cheveux pour des raisons de pudeur. En vertu de ce hijab, dans le monde entier, nous sommes exposés quotidiennement au risque de discriminations religieuses. Sur les médias sociaux, nous pouvons voir des personnes harceler les femmes musulmanes pour qu’elles enlèvent leur hijab, dans le but de se libérer de leur oppression perçue, et de montrer la solidarité avec les femmes iraniennes. Pourquoi est-ce que lorsque les femmes musulmanes choisissent de porter le hijab, cela est considéré comme de l’oppression, mais quand d’autres portent des couvre-chefs, des tatouages ou d’autres représentations physiques de leurs croyances, cela est considéré comme une expression religieuse ou culturelle en lien avec la liberté ?
Pourquoi le hijab divise-t-il autant ?
Je suis une femme musulmane vivant aux États-Unis et une chercheuse en santé qui étudie les effets de la discrimination à l’Université de Miami. En tant qu’étudiante infirmière praticienne dans une clinique, un patient m’a un jour attaquée verbalement, faisant une remarque offensante sur mon hijab, et me qualifiant d’« anti-américaine ».
Ici, les musulmans, les juifs et les sikhs font l’expérience de la discrimination tous les jours en raison du fait qu’ils sont minoritaires aux États-Unis et que leur religion est plus visible. La discrimination a refait surface en raison de l’influence sociale, du climat politique, des changements économiques et des changements environnementaux. En tant que femme musulmane qui porte le hijab, infirmière autorisée, infirmière praticienne, étudiante au doctorat et chercheuse sur l’impact de la discrimination religieuse, je crois fermement que la communauté des minorités religieuses a besoin du soutien de toutes les autorités.
La discrimination prend de nombreuses formes, et ses conséquences peuvent être dévastatrices. Le terme « discrimination » est défini comme une action partiale menée envers une personne en fonction de la race, de la religion, de la couleur de la peau, de l’âge, du sexe, de la nationalité – et la liste continue. La discrimination a un impact négatif sur la santé physique et mentale d’une personne. Les personnes qui font régulièrement l’objet de discrimination peuvent développer un stress chronique, ce qui peut contribuer à des problèmes de santé majeurs tels que les maladies cardiaques, l’hypertension artérielle, le diabète et d’autres affections. La discrimination est responsable de maladies mentales telles que l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique, la dépression, les idées suicidaires et la paranoïa subclinique. Bien qu’il existe des recherches bien établies sur la discrimination raciale et les mauvais résultats en matière de santé, il n’y a pas beaucoup de recherches sur les effets de la discrimination religieuse. En outre, les recherches émergentes sur l’effet de la discrimination religieuse sur les populations minoritaires se concentrent uniquement sur les aspects mentaux, et non sur les aspects physiques tels que les biomarqueurs du stress.
Je ne porte pas le hijab parce que je suis opprimée ou forcée. Je le porte parce que je suis une femme musulmane fière qui adore le « Dieu » créateur et obéit à ses commandements. J’ai aussi de l’autonomie sur la façon dont je montre mon corps aux autres. J’exhibe fièrement cette identité à la vue de tous. Les personnes qui choisissent d’afficher leur foi pourraient faire face à la discrimination et avoir des problèmes de santé physique et mentale. Il est nécessaire de créer un sentiment d’urgence pour amener les gens à prendre conscience de l’importance d’agir rapidement, en particulier dans le domaine de la prévention et du traitement des soins de santé. La vraie Amérique, c’est la liberté de s’habiller et de pratiquer ce que vous voulez.

LUTTER ENSEMBLE DANS UN PAYS PRONANT LA LIBERTE

Le 19 septembre 2023, en français, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a dit : « dans certains pays, les femmes et les filles sont punies parce qu’elles portent trop de vêtements ; dans d’autres, parce qu’elles n’en portent pas assez. »

Ce discours prononcé à l’ouverture de la 78ème Assemblée générale de l’ONU, avait pour but de saluer les générations de militantes des droits des femmes, qui se battent pour faire changer les choses. « des terrains de sport aux écoles en passant par les places publiques, les filles et les femmes défient le patriarcat et triomphent. »

Un patriarcat qui conserve une dent dure, puisque cette polarisation des combats implique une volonté de contrôler où vont les femmes musulmanes pratiquantes, à quels loisirs peuvent-elles avoir accès (interdiction de salle de sport, de terrain, de compétitions, de restaurants, de piscines, de plages), dans quelles mesures peuvent-elles avoir accès à l’instruction (interdiction de collèges, lycées), dans quelles mesures peuvent-elles participer à la vie de la cité (interdiction de participer à des sorties scolaires, d’être assesseur, de travailler où elles le veulent) …

« Elles n'ont qu’à l’enlever si elles sont libres », répondent les mêmes défenseurs du droit des femmes à l’international. Par ce schéma très paternaliste qui dessine une femme qui a forcément un homme au-dessus d’elle qui la contraint à se vêtir, il est impensable pour ces défenseurs de comprendre, d’admettre, que le droit de choisir ses vêtements, y compris le voile, est une composante fondamentale de la liberté individuelle. Le respect de la diversité des choix vestimentaires est un élément essentiel d'une société démocratique et respectueuse des droits de l'homme.

Tout comme la liberté individuelle permet tout à fait d’avoir des opinions sur le port du voile, de ne pas aimer l’idée de se couvrir, forcer quelqu'un à enlever le voile contre sa volonté, est une violation de sa liberté individuelle. Il est important de promouvoir le respect des droits individuels tout en encourageant le dialogue et la compréhension entre les personnes aux points de vue différents. Cela permet de créer une société inclusive où chacun peut exercer ses droits et libertés en toute dignité.
C’est ce modèle de société que devrait nous envier les peuples qui vivent dans des régimes totalitaires et pour lesquels nos engagements doivent être immenses. Des engagements au sein d’associations de défenses des femmes, des engagements au sein d’associations de défenses des droits de l’Homme.
Mais également, pour les concernées, de revenir sur les principes fondamentaux de la religion, utilisés et instrumentalisés à des fins de dominations et de contrôle ultime.

L’islam reconnaît la liberté individuelle dans plusieurs aspects de la vie et encourage la libre adhésion à la foi et aux pratiques religieuses. Cela inclut le port du voile, qui certes apparait comme une obligation selon la majorité des savants, qui se basent sur certains versets coraniques et sur des paroles prophétiques (ahadith), mais qui ne doit pas être imposé par la force.

Le Coran stipule clairement que « Nulle contrainte en religion » (2, 256). Ce verset indique que la foi doit être une démarche volontaire et qu'il ne faut pas contraindre quelqu'un à adopter une croyance religieuse, y compris le port du voile.

Dans son exégèse (interprétation) du Coran, Ibn Kathir[6] indique : ne contraignez personne à embrasser l’islam, car ses preuves et arguments sont clairs et limpides, et ne demande pas de contraindre qui que ce soit à l’embrasser.

De même, le Prophète Muhammad a également souligné l'importance du libre choix en matière de religion et de pratique. Il a dit : « la religion [l'islam] est une affaire de sincérité, envers Allah, Ses Livres, Ses messagers et envers la communauté musulmane et son peuple ». (Sahih Muslim, hadith n°55)

Cela implique que la foi et les pratiques religieuses doivent être sincères et basées sur la libre conviction, sans contrainte. L'islam encourage les croyants à conseiller et à guider les autres sur la voie de la foi, mais cela doit se faire de manière respectueuse et pacifique, sans contrainte. Le Coran dit : « Appelle (les gens) à la voie de ton Seigneur avec sagesse et une belle exhortation, et discute avec eux de la meilleure manière ». (16,125).

Oui, religieusement, les femmes sont fortement encouragées à porter le voile selon la majorité des avis le jugeant obligatoire. Dans un Etat qui adopte l’islam comme religion d’Etat, les règles en vigueur sont les règles islamiques. Si l’Etat iranien, ayant adopté la Shari’a (code juridique islamique) est dans son droit d’imposer le port du voile, il ne l’est pas d’user de la force, de la violence, de la peine de mort.
De plus, l’Iran un Etat théocratique chiite. Cela signifie que l’Etat dispose d’un clergé religieux, qui n’existe pas dans le sunnisme, et qui marque une différence totale dans l’organisation du religieux si on la compare à d’autres états du monde qui ont pour religion d’Etat l’islam.

Par exemple, la liberté religieuse est garantie par la Constitution malaisienne, en particulier par l'article 11 de la Constitution de la Malaisie, et donc il n’y a pas de loi marquant l’obligation de porter le voile pour une femme en Malaisie, bien que l’article 3 reconnaisse l’islam comme religion d’Etat. Ou bien, au Pakistan, Etat ayant adopté l’islam comme religion d’Etat, l'article 20 et l'article 22 de la Constitution de 1973 garantissent la liberté religieuse et n’impose pas à une femme de porter le voile.

En revanche, en Arabie saoudite, il n’existe pas de constitution formelle ni de législation spécifique qui garantissent la liberté religieuse. Le système juridique du pays repose sur la Shari’a, qui est interprétée par les autorités religieuses saoudiennes, qui adoptent une branche et une vision précise, et qui imposent aux femmes de se voiler.

Tout cela n’est pas comparable à la France : en France, la séparation du religieux et de l’Etat est profond, et même si la société reste très influencée par le religieux (le cas de l’adoption de la loi du mariage pour personne de même sexe est très parlant si l’on regarde les réactions, qui reprennent souvent la vision religieuse de la famille), l’Etat ne reconnaît aucun culte et n’est donc pas en mesure d’imposer des pratiques religieuses.

ET LES FRANCAISES ?

Que ce soit les iraniennes avec le mouvement #baraye, les japonaises avec le mouvement #kutoo, les américaines avec le #metoo, les françaises qui luttent actuellement pour le droit à l’égalité salariale, à la sécurité contre les violences conjugales, les viols et le harcèlement sexuel, le droit de porter une robe longue partout où elles le veulent, tous les défenseurs des Libertés sont unis. Aucun combat n’est à minimiser.

La priorité reste peut-être, celle des combats au sein de son propre Etat, étant donné qu’on est plus à même de les comprendre, d’en connaître les contours, de s’engager localement.
Parmi les combats des françaises[7] :

- La lutte pour la Liberté de porter ce qu’elles veulent : jupe, pantalon, robe longue.
- La lutte contre les agressions islamophobes : 75% des agressions islamophobes visent des femmes. Voilées ou non, les femmes restent les principales visées par les actes islamophobes. Elles représentent 75% des agressions islamophobes dont 100% des agressions physiques les plus graves (>8 jours d’ITT).
- La lutte pour la sécurité dans l’intimité. Pour 1 femme sur 6, l’entrée dans la sexualité se fait par un rapport non consenti et désiré. Pour 36% de ces répondantes, ce rapport a eu lieu avant leurs 15 ans. Plus d’une femme sur deux en France (53%) et plus de six jeunes femmes sur dix (63%) ont déjà été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle au moins une fois dans leur vie. 94 000 femmes sont victimes de viol ou tentatives de viol chaque année. 213 000 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année.
- La lutte pour l’égalité salariale : tous temps de travail confondus, les femmes touchent 28,5% de moins en salaire que les hommes. 1 femme sur 3 travaille à temps partiel contre 1 homme sur 10. À temps de travail égal, les femmes touchent 16,8% de moins que les hommes[8].

De quoi s’engager sur tous les terrains, même ceux en dehors du religieux. Pour une société idéale qui traiterait les hommes et les femmes avec équité, respect, et considération.

 

NOTES :

[1] https://www.amnesty.fr/discriminations/actualites/iran-femmes-repression-port-obligatoire-du-voile [2] Partie 3 : Les lois iraniennes sur les femmes | L’introduction à l’Iran (usip.org) [3] Ce type de distorsions cognitives est introduit par le psychiatre Aaron T.Beck en 1967 [4] C’est souvent l’objet des parcours universitaires LCER arabe dans lesquels des modules de culture, civilisation, géopolitique, théologie sont abordés durant 5 années. [5] "Nous devons nous opposer à l’offensive généralisée de l’islam intégriste contre la liberté des femmes" (marianne.net) [6] Exégèse du Coran, Ibn Kathir, Editions Tawbah, 2022 [7] https://www.noustoutes.org/comprendre-les-chiffres/ [8] https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-de-salaires-entre-les-femmes-et-les-hommes-etat-des-lieux

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