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ILETAIT1FOI a visité un camp de concentration

Photo du rédacteur: barbara-moullanbarbara-moullan
Natweiler, 1944. Les soldats américains pénètrent dans le camp et découvre l’horreur de la Concentration. Nous sommes dans une station de ski devenue un camp. Le Struthof, situé en Alsace, dont 22 000 personnes ne sont jamais revenues.

LE STRUTHOF EN CHIFFRES
52 000 déportés en tout, avec un taux de mortalité de 40% qui en fait un des camps les plus meurtriers.
Ce camp a interné peu de juifs : les internés étaient davantage des prisonniers politiques (opposants au régime Nazi), et des asociaux (tsiganes, homosexuels, témoins de Jéhovah, francs-maçons). Le camp était exclusivement masculin. Le camp du Struthof était un camp de travail, destiné à traiter le granit rose afin de construire l’Allemagne Nazie pour en faire des bâtiments et des monuments somptueux. Ils détestaient tellement les juifs qu’ils n’en voulaient pas en main d’œuvre pour magnifier l’Empire.

La salle des fêtes de la station a abrité une chambre à gaz, destinée à exterminer les déportés. Elle se trouve en contrebas du camp. En revanche, le four crématoire lui, se trouve sur le camp et tous les blocs avaient vue sur la cheminée, afin de rappeler aux internés leur issue finale.


La cheminée du four crématoire


DESHUMANISATION
Les déportés étaient dépouillés de leurs biens. Leurs cheveux, leurs sourcils, leur barbe étaient rasés, afin d’éviter la prolifération des maladies mais aussi pour déshumaniser les internés. Tous les hommes se ressemblaient. Une fois rasés et dépouillés de leurs vêtements, ils étaient plongés dans une baignoire de Cresyl (un puissant désinfectant à base de phénol) pour être désinfectés. Cela brûlait la peau et parfois, les déportés mourraient à cette étape. Si parfois, l’eau de la douche était chaude, ce n’était pas par bonté des SS, mais parce que parce que le four crématoire fonctionnait, et on le disait aux déportés, afin de leur faire une torture morale.


La baignoire destinée aux bains de Cresyl


RECRUTER LES SS
8 miradors entourent le camp : dans chaque miradors, 2 SS et leurs chiens montaient la garde. Chaque tentative d’évasion était punie, soit par la prison, soit par la potence. Les SS étaient souvent de jeunes personnes, des étudiants à qui l’on promettait un accès dans les meilleures universités ainsi qu’une bourse : en temps de crise, cela était précieux pour s’assurer un avenir.


Un des 8 miradors


JOSEPH KRAMER
Surnommé la bête de Belsen ou le boucher de Belsen, Joseph Kramer était réputé pour être particulièrement sadique. « tu arrives par le portail, tu repartiras par la cheminée », accueillait-il les déportés. Au Struthof, Kramer supervisait des expérimentations médicales inhumaines et des conditions de vie épouvantables.

18 MOIS D’EXPERIMENTATIONS
Le médecin du camp avait la passion de l’anatomie et se constituait une collection macabre. Les internés étaient gazés avec une poudre de cyanure pour mourir vite et ne pas tenter de s’échapper, se briser les os en tentant d’escalader afin que leur squelette soit intact pour la collection. Comme il y avait peu de juifs dans le camp du Struthof, Kramer a fait venir 86 détenus d’Aushwitz afin qu’ils soient gazés et que leurs corps complètent la collection. Ces détenus ont été identifiés car à Aushwitz, les détenus étaient marqués d’un tatouage, tandis qu’au Struthof, les matricules étaient brodés sur les uniformes à l’aide d’un code couleur.

Cet article ne dévoilera pas l’étendue des « anecdotes » car cela constitue l’objet de la visite guidée du camp que nous vous conseillons. En revanche, la visite se clôture par un message de sensibilisation sur l’importance du devoir de mémoire, et sur le fait qu’il existe encore aujourd’hui des camps de concentration et des endroits où l’on enferme des humains pour les torturer, en raison de leurs oppositions politiques, leur origine, leur religion, leur identité sexuelle etc.

Aujourd’hui le monde est, par exemple, alerté au sujet des camps de concentration où les Ouighours sont condamnés au travail forcé, à la castration chimique et aux exterminations. Selon des organisations de défense des droits humains, au moins un million de Ouïgours et d’autres minorités turcophones, principalement musulmanes, sont incarcérés dans des camps au Xinjiang.

La politique d’internement des membres de minorités ethniques majoritairement musulmanes dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang s’est intensifiée depuis mars 2017 et l’adoption d’un « règlement relatif à la lutte contre l’extrémisme » par le gouvernement régional. Aux termes de ce texte, les démonstrations publiques ou même privées d’appartenance religieuse et culturelle, parmi lesquelles les barbes « anormales », le port d’un voile ou d’un foulard, les prières régulières, le jeûne, le fait de s’abstenir de boire de l’alcool, ou encore la possession de livres ou d’articles relatifs à l’islam ou à la culture ouïghoure, peuvent être considérées comme « extrémistes ».

Les autorités désignent les camps d’internement sous le nom de « centres de transformation par l’éducation », mais ils sont souvent surnommés « camps de rééducation ». Les personnes envoyées dans ces camps ne sont pas jugées et sont privées d’accès à des avocats et du droit de contester leur placement en détention. Les détenus qui résistent ou ne montrent pas suffisamment de « progrès » subiraient des punitions : insultes verbales, privation de nourriture, détention à l’isolement, coups, recours à des entraves et maintien dans des positions douloureuses. Des cas de mort en détention dans ces centres ont été signalés, notamment des suicides de personnes ne supportant plus les mauvais traitements.

Partout dans le monde, les haines montent. Les résultats des partis prônant l’exclusion, le rejet, la violence sont en hausses. Ces visites doivent perdurer afin de nous alarmer sur le danger de l’inaction face à ces phénomènes.

QUE FAIRE ?
La visite du Struthof nous a forcément ému et nous a interrogé sur la situation des Ouïghours en Chine, notamment leur détention dans des camps de travaux forcés, qui suscite une grande préoccupation internationale mais qui semble n’avoir finalement que peu d’échos en France. Il est pourtant possible d'agir à notre échelle pour lutter contre cette oppression, notamment en boycottant certaines marques liées à des entreprises qui bénéficient du travail forcé des Ouïghours. On sait que des marques comme Nike, Adidas, Zara, Uniqlo, H&M, et Muji ont été critiquées pour avoir eu des liens indirects avec des fournisseurs ou des usines situées dans le Xinjiang ou utilisant des matières premières venant de la région. De nombreuses pétitions existent pour faire pression sur les gouvernements et des ONG ou des organisations militent pour les droits des Ouïghours comme Human Rights Watch, Amnesty International, World Uyghur Congress sont à soutenir.

La montée des partis extrémistes et leurs discours de haine illustrent tragiquement comment il est possible de déshumaniser certaines personnes, ce qui engendre une indifférence inquiétante vis-à-vis des discriminations, des violences et même des morts qui en découlent. Ces discours polarisants, souvent fondés sur la peur, la xénophobie et le rejet de l'Autre, construisent une image déformée de certaines populations en les réduisant à des stéréotypes dégradants ou en les présentant comme des menaces. En déshumanisant ces groupes, les partis extrémistes parviennent à désensibiliser une partie de la population aux souffrances infligées à ces individus, créant une normalisation de la violence, qu'elle soit verbale ou physique. Cette indifférence s'accentue par la répétition constante de messages déshumanisants, qui finissent par banaliser les injustices vécues par ces groupes, qu'il s'agisse de minorités ethniques, religieuses ou de migrants. En conséquence, les violations des droits fondamentaux — qu'il s'agisse de meurtres, d'agressions ou de discriminations systématiques — sont reléguées au second plan, voire justifiées par une rhétorique qui dénie à ces victimes leur pleine humanité.

Ce processus dangereux fait écho aux moments les plus sombres de l'Histoire, comme celle liée au Struthof, où la déshumanisation a été un précurseur de violences de masse et de génocides, révélant ainsi l'importance de résister fermement à ces idéologies pour éviter de sombrer dans l'indifférence et la barbarie.
 
 
 

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